Prêts immobiliers en francs suisses: les clients piégés en France, en Pologne et en Croatie !

Le franc suisse qui explose à la hausse, ça a déstabilisé pendant quelques jours les bourses européennes. Mais du côté des travailleurs frontaliers, ce fut l’explosion de joie : + 30% de salaire sans avoir travaillé une minute de plus !

On imagine que le champagne a du couler a flot près de la frontière. Sauf que, tout phénomène économique de grande ampleur a des répercussions, à la hausse comme à la baisse, un peu comme le ying et le yang en quelque sorte, c’est une question d’équilibre. S’il y a eu des gagnants, il y a eu aussi, et malheureusement, des perdants. A suivre, ceux qui se sont fait avoir…

En France


Tous les frontaliers français n’ont pas gagné au change, loin de là. C’est l’éternelle histoire de Jean qui rit et de Jean qui pleure.

Et parmi ceux qui ont fêté l’explosion à la hausse de leur salaire, il y en a qui avait oublié la façon dont ils remboursaient leur prêt immobilier : avec des taux d’intérêts indexés sur la devise suisse, croyant que nos amis helvêtes respecteraient la parité fixé jusqu’à la fin des temps… Car pour ces emprunteurs là, ce fût directement 20% dans les dents, sans parler de la possible chute des prix de la pierre à venir.

Car nombreux sont ceux qui pensaient faire une bonne affaire immobilière à l’époque

En choisissant de rembourser leur crédit avec un taux variable, les principales banques du secteur le proposant. C’était oublié qu’en cas de variation du change, dans ce sens là, c’était la faillite assurée.

Le franc suisse qui grimpe, et ce sont les remboursements qui suivent la même courbe. Les dettes doivent donc s’accumuler dans les chaumières, et le franc suisse qui vaut maintenant plus d’un euro ne fait pas que des heureux. A l’heure de faire les comptes, quel bilan pour ce séisme monétaire ?

Pourquoi il faut privilégier les taux fixes

Quand on emprunte sur 20 ans, on a besoin de savoir ce qu’on va payer chaque mois à sa banque, au centime près, pour anticiper son reste à vivre. Si au moment de la souscription du prêt on a l’impression de faire une bonne affaire avec un taux indexé sur une variable, le monde bouge si vite que la situation peut rapidement se retourner au détriment de l’emprunteur, au risque de perdre sa maison s’il ne peut faire face à ses échéances.

Celui-ci peut en effet se retrouver avec un capital à rembourser qui augmente, alors que logiquement il devrait diminuer. On ne parle pas ici « d’emprunts toxiques » mais on en est quand même pas loin. Mieux vaut donc privilégier la sécurité, surtout qu’en ce moment, les taux fixes sont très bas.

emprunter en franc suisse

Les banques ayant compris le problème, elles proposent à leur client de convertir leurs prêts à certains de ses clients qui se sentent floués. Mais la démarche n’est pas gratuite et fait grimper les mensualités. C’est quand même mieux que rien.

En Pologne et Croatie


Les français ne sont pas les seuls à s’être fait avoir par cette décision soudaine de la banque nationale suisse. Les polonais, mais aussi les croates ont senti la bise souffler, car tout comme l’euro, la kuna et le zloty ont perdu du terrain face au franc suisse, un pourcentage à peu près équivalent.

Pour ceux donc qui avaient conclu un prêt dans la devise helvétique, l’histoire est la même que pour nos frontaliers, et elle n’est pas rose. La Pologne souffre particulièrement de cette situation, car les crédits immobiliers souscrits dans ce pays le sont à 40% en francs suisses. Il y a donc quelques milliards de capitalisation qui vont disparaître dans la nature par un jeu d’écritures.

Certains pays ont pris des mesures pour éviter les dommages collatéraux dramatiques de cette situation. La Hongrie a légiféré pour que cela n’est pas d’impact sur le niveau d’endettement. Quant à l’Autriche, elle a carrément interdit les emprunts en devises étrangères, depuis quelques années déjà.

La Suisse bouge et l’Europe tremble. La donne n’est pas nouvelle, mais quand on a des traites à rembourser, le problème devient conséquent. La moralité de cette histoire : n’empruntez qu’à taux fixe, même si cela vous coûte 1% de plus au moment de la souscription du crédit.